Résultats de CAFI : Protéger les forêts tout en fournissant des alternatives durables au bois de chauffe

Photo by FONAREDD

On estime que les deux tiers de la production du bois énergie en Afrique centrale proviennent du défrichement des forêts pour le développement de l'agriculture, tandis que le tiers restant provient de la récolte sélective du bois dédiée à la production du bois énergie. La production du bois énergie est donc étroitement liée aux activités agricoles dans le cadre du complexe rural. D'une manière générale, la consommation de bois pour le chauffage des populations rurales est moins problématique que la transformation en charbon de bois pour l'approvisionnement des grands centres urbains.     

Les profils de consommation de bois-énergie sont cependant très différents entre les pays d'Afrique centrale, voire à l'intérieur de chaque pays. Au Gabon, la production de bois énergie ne représente pas un facteur majeur de perte de couverture forestière. En revanche, en RDC ou en République du Congo, l'augmentation de la population, l'absence de sources d'énergie alternatives, les faibles surfaces dédiées aux plantations pour le bois-énergie, la large utilisation de foyers de mauvaise qualité en milieu urbain et les faibles rendements de carbonisation conduisent à la dégradation des forêts dans les zones alimentant les grands centres urbains. Une étude financée par CAFI et réalisée par le CIRAD via le PNUD a montré que dans la mégapole de Kinshasa, 97,7% des habitants utilisent régulièrement du charbon de bois pour cuisiner, mais seulement 12% utilisent un fourneau amélioré.   

Au total, les programmes financés par CAFI en RDC ont permis jusqu'à présent la plantation de 4 500 hectares d'arbres à croissance rapide pour le bois-énergie et la mise en réserve de 16 500 hectares pour la régénération naturelle. L'accès au financement pour les entrepreneurs de cuisson propre s'est élargi, notamment grâce au Challenge Fund établi par le programme Bois Energie, avec 1,2 millions de dollars US accordés à 12 entrepreneurs congolais pour produire et commercialiser 99 000 solutions de cuisson améliorées. Grâce à cela et au programme intégré dans le PIREDD Equateur, plus de 63.000 foyers améliorés, 8.000 foyers et kits à gaz, 1.700 tonnes de gaz et 998 tonnes de briquettes de cuisson sont à la disposition de la population. En plus de fournir directement des solutions de cuisson plus propres, le Challenge Fund a permis la création de plus de 1000 emplois, avec un taux d'emploi féminin d'environ 53%. En outre, les dépenses énergétiques des ménages en bois de chauffage ont diminué de 13 à 19 % dans les zones ciblées, ce qui démontre le potentiel du soutien de CAFI.   

Au niveau politique, le projet de la nouvelle politique énergétique nationale de la RDC a été validé, incluant une composante bois-énergie. De multiples études sur la filière bois-énergie ont été réalisées, et 43 étudiants et assistants de l'Université de Bukavu ont été formés à la recherche sur ce thème.    

Ces résultats ont été obtenus grâce à : 

  1. Le programme de consommation durable et substitution partielle du bois-énergie pour réduire la demande en bois-énergie issu des forêts, qui comporte quatre objectifs clés. (les études menées par le CIRAD sont disponibles ici) : 

  • Soutenir l'inclusion d'une composante bois-énergie dans la politique énergétique nationale, afin d'établir des conditions favorables à une production et une consommation plus durable de bois-énergie et au déploiement progressif d'énergies alternatives.  

  • Lancer un marché du gaz de pétrole liquéfié (GPL), avec pour objectif que 250 000 ménages utilisent le GPL comme source de cuisson principale ou secondaire d'ici 2024. Cela devrait permettre d'économiser 48 000 tonnes de charbon de bois par an.  En outre, le programme vise à contribuer à la mobilisation de 30 millions de dollars américains pour soutenir le déploiement du GPL par les programmes de microfinance.    

  • Produire et diffuser au moins 50 000 foyers améliorés par le biais d'une approche du secteur privé, en visant une utilisation par 10 % des ménages à Kinshasa et dans les capitales provinciales ciblées.  

  • Développer la micro-hydroélectricité et en équiper 4.000 ménages.    

  1. Plusieurs des programmes de développement rural intégré (PIREDD) de CAFI en RDC, qui incluent des objectifs relatifs à la consommation d'énergie durable. Par exemple : 

  • Le PIREDD Mai-Ndombe soutient le développement d'une stratégie de régulation de l'exploitation du charbon de bois, et aide à organiser les acteurs en associations professionnelles. Le programme a déjà mis en défens près de 10 000 hectares de savane pour la régénération naturelle, et vise à tripler ce résultat d'ici mi-2024 ; et a planté 1 800 hectares d'acacias en agroforesterie, ce qui représente plus de 90% de l'objectif de la première phase du projet.  

  • Dans le PIREDD Equateur, 3 000 ha seront plantés pour la production durable de bois énergie en périphérie des centres urbains et autour des habitations rurales. En outre, plus de 5 000 hectares de forêt naturelle ont déjà été mis en défens pour permettre la régénération, et 2 000 hectares supplémentaires sont prévus.   

  • Le PIREDD Maniema améliore l'efficacité énergétique dans l'utilisation de l'énergie du bois par le biais de la reforestation pour les besoins en charbon de bois, de fourneaux améliorés, de la transformation des déchets en charbon de bois, etc.  

  • Le PIREDD Kwilu investit dans la plantation d'acacias pour la production de bois de chauffage durable.     

En République du Congo, un programme de renforcement du potentiel du bois-énergie durable - PROREP a été lancé en août 2022, afin de garantir l'adoption d'alternatives durables aux pratiques actuelles du bois-énergie. Pour ce faire, le programme prévoit d'établir 2 700 hectares de plantations agroforestières à démarrage rapide pour l'approvisionnement durable en bois énergie de Brazzaville. En conséquence, le programme pourrait réduire les émissions des forêts de 830 230 t CO2eq sur le cycle de cinq ans du projet, contribuant ainsi de manière importante à l'atténuation du changement climatique.