Contexte

Les principaux moteurs directs de déforestation et dégradation forestière au Maniema, au centre-est de la RDC, sont l’agriculture itinérante sur brulis, l’exploitation du bois énergie et la production du charbon, et l’exploitation artisanale du bois d’œuvre. Les activités minières, notamment dans l’Est et Sud, l'expansion urbaine causée par la forte croissance démographique (taux de natalité parmi les plus élevés de la RDC) et l’exode rural, y contribuent également. Les facteurs sous-jacents sont liés à la situation socio-économique précaire de sa population : accès restreint aux infrastructures de base, revenus par habitant très bas et forte dépendance de la population aux pratiques de subsistance.

Les populations locales bénéficient peu du potentiel de création de valeur découlant de l'utilisation des services écosystémiques, et exercent donc une forte pression sur les ressources forestières. Ceci a des raisons complexes, y compris une implication insuffisante des ministères sectoriels dans la thématique environnementale, une faible participation de la population au processus de développement local et un traitement inadéquat par les autorités des préoccupations des communautés autochtones dans les zones périphériques des aires protégées.

« Le Programme Multi-sectoriel (PIREDD) du Maniema » propose :

  1. D'appuyer une utilisation plus durable des ressources forestières et agricoles associée au développement d’un potentiel de chaînes de valeur dans les zones d'intervention (par exemple, au travers du reboisement pour la production de bois).
  2. D'encourager des options de génération de revenus et d'emplois pour la population locale (chaînes de valeur locales, transformation et commercialisation des produits forestiers et agricoles)
  3. D'améliorer l'efficacité énergétique dans l’utilisation du bois énergie: reboisement pour les besoins en charbon, foyer améliorés, transformation des déchets en charbon etc.
  4. De renforcer les structures gouvernementales et non gouvernementales et les acteurs clefs au niveau local et provincial dans leurs capacités et leurs fonctionnalités : comités de développement, services gouvernementaux, société civile et d’autres ONG.
  5. D'accompagner l’ensemble de ces interventions d'une amélioration des conditions-cadres : stratégies, approches méthodologiques, développement organisationnel, développement des compétences, équipements, etc.

Partenaires nationaux

Ce programme fait partie du portefeuille du Fonds National REDD+ de la RDC et est mené par le Ministère de l'Environnement et du Développement durable 

Partenaire de mise en œuvre

Agence allemande de coopération internationale (GIZ)

 

Toutes les information fiduciaires se trouvent sur le portail du MPTF ici.

30.00M

US$ approuvés

20.00M

dollars transférés à la fin novembre 2023

13.40M

de dollars dépensés à la fin novembre 2023

229.00K

ha validés pour de nouvelles concessions forestières communautaires locales

1269.00

structures de gouvernance locales appuyées et renforcées

3147.00

ménages appliquant des pratiques agricoles durables

Impacts

  • Le PIREDD Maniema contribue à l’objectif de réduire les émissions et augmenter les absorptions de gaz à effet de serre provenant des secteurs forêts, agriculture et usage des terres
  • Le programme vise à ce que la population et les communautés des zones d’intervention dans la province du Maniema bénéficient de la mise en valeur durable des ressources agricoles, forestières et pastorales.
  • Il vise en particulier à améliorer les revenus et la sécurité alimentaire de près de 10 000 personnes, et de manière directe à ce que 3 000 personnes (50 communautés villageoises) voient leurs revenus augmenter de plus de 10%.

Résultats au 15 novembre 2023 

Les activités du programme ont démarré en 2022, après une phase de planification de six mois en 2021.

Bénéficiaires

  • En termes de renforcement des capacités, 70 organisations locales ont bénéficié de dotations en équipements et 128 organisations locales (soit 1 842 personnes) de formations sur des thèmes variés tels que la protection de l'environnement, l'amélioration de l'accès aux marchés et l'organisation des filières végétales, la comptabilité, le genre, les technologies de l'information. Une liste des formations est disponible ici.
  • En outre, 4 248 bénéficiaires ont participé à des formations organisées par des ONG locales sur le commerce et l'agriculture.
  • 735 bénéficiaires (dont 569 femmes) ont profité de la création de 28 Associations villageoises d'épargne et de crédit (AVEC).
  • 366 bénéficiaires (dont 303 femmes et 30 femmes autochtones) ont profité de la création de petites entreprises (production de savon, ateliers de couture et menuiserie).
  • 104 Associations villageoises d'épargne et de crédit (AVEC) sont appuyées dans leur renforcement de capacités, et environ 30% des bénéficiaires ont commencés à faire des investissements. 
  • Au total, ce sont 9 419 bénéficiaires, dont 2 860 femmes et 194 issus des peuples autochtones (sur les 20 000 prévus pour toute la durée du programme) qui ont bénéficié directement de diverses activités du programme dans les domaines de l'agriculture, de l'énergie, de la sylviculture, de l'aménagement du territoire et de la gouvernance.

Gouvernance

  • Les différents services techniques (agriculture, division de développement rural, genre, aménagement de territoire, division plan, division décentralisation, coordination environnementale) sont renforcés et mobilisés pour l’accompagnement et suivi des activités du programme.
  • 5 stratégies provinciales ont été appuyées, sur le bois-énergie, l’inclusion des femmes, la lutte contre les feux de brousse, la communication et sensibilisation à la REDD+, et l’appui à l’intégration de peuples autochtones.
  • 1269 structures de gouvernance locales (CLD, CVD et CDG) ont été appuyés depuis le début du programme, avec une participation des femmes qui a progressivement augmenté pour atteindre entre 31 et 39%, renforçant ainsi les structures de gouvernance locale des ressources naturelles. 
  • 75 000 personnes ont été informées de l'importance de la gouvernance locale (37,5 % des 200 000 personnes ciblées pendant la durée du projet).

Aménagement du territoire

  • Les 3 premiers PSAT (Plan Simple d'Aménagement du Territoire) couvrant une superficie de 1 166 ha ont été élaborés en 2022 à Mambwe, Lutala et Fataki. Sur ces 1 166 ha, 120 ha sont consacrés à des activités de restauration des paysages forestiers, 127 ha au reboisement à des fins de bois-énergie et 632 ha à l'agriculture durable grâce à l'attribution de subventions locales. Une carte des trois zones est disponible ici.
  • 61 PSAT sont actuellement en cours d'établissement et élaborent les plans de zonage (carte des sites PSAT).
  • 5 Plans de développement locaux (PDL) ont été établis au niveau des secteurs (PDL Ambwe, PDL Bangengele, PDL Wasongola, PDL Beia, PDL Maringa), ce qui représente 50% des 10 plans prévus sur la durée du projet.
    • 42 activités vertes sous ces PLD sont appuyées, et 708 villages (environ 840 000 personnes) bénéficieront, directement ou indirectement, de ces plans.
  • 16 cartes sont maintenant disponibles pour soutenir la cartographie des zones agricoles visant à contribuer au développement de deux systèmes de conseil agricole. Leur élaboration a impliqué 45 cartographes locaux.
  • Dans le cadre de l'appui à la réhabilitation, la construction et l'entretien des infrastructures agricoles soutenues par le programme, 34 km de pistes agricoles ont été réhabilitées (détails et photos disponibles ici).

Foresterie

  • 7 Concessions Forestières des Communautés Locales (CFCL) ont été mises en place sur les 9 prévues sur la durée du projet, y compris à Yenge et Ukuna en 2022 (les décrets sont disponibles ici).
  • En tout, ce sont 229,640 hectares qui ont été  validés pour de nouvelles concessions (sur 350 000 ha et 10 CFCL visés sur la durée du projet).
  • Un Mécanisme de gestion des plaintes (MGP) pour le secteur forestier dans la province du Maniema a été élaboré et approuvé.
  • 187 hectares de forêts dégradées ont déjà été restaurés, tandis que sur plus de 700 hectares les activités ont été lancées. La cible finale est de 5 000 hectares reboisés et 50 000 hectares de réserves forestières gérées durablement.

Agriculture

Les appuis actuels portent sur les chaines de valeurs pour les filières cacao, café, huile de palme, arachide, soja, riz irrigués avec poisson, maïs, haricots, champignons, moringa, tournesol, apiculture.

  • 1426 ha de cultures vivrières sans culture sur brûlis (comme la rizi-pisciculture), 377 ha de cultures pérennes en savane (palmier, moringa, café, caco) et 695 ha d'agroforesterie (acacia avec manioc, arachide, mais, haricots, café avec soja) ont été établis grace à l'appui du programme.Une étude de potentiel d'agriculture dans la zone savanicole et un Guide d’Essences pour l’Agroforesterie sont disponibles. La cible totale est de 20,000 hectares d’agriculture durable créés (agroforesterie et agriculture de conservation) et 20 000 hectares d’Aires et territoires du patrimoine autochtone et communautaire (APAC) protégés.
  • 439 personnes ont vu leurs revenus augmenter grâce à des projets communautaires liés aux chaînes de valeur vertes.

Bois-énergie

  • Un plan provincial de bois-énergie, comprenant un plan d'approvisionnement en bois-énergie (Stratégie provinciale de bois-énergie) et une stratégie provinciale de lutte contre les feux de brousse dans les savanes (Stratégie de lutte contre les feux de brousse) ont été élaborés et approuvés.
  • Près de 2 000 foyers améliorés « Mapishi Bora PIREDD » et de 4 000 kg de charbon vert ont été sont vendus sur le marché de Kindu. 

Zone d’Intervention

Les quatre territoires dans la province du Maniema sont Kailo, Pangi, Kasongo et Kibombo.

Complémentarités

Les interventions de la coopération allemande dans le secteur de l’environnement au Maniema font partie du programme de coopération germano-congolaise « Politique environnementale, protection et utilisation durable des ressources naturelles en République du Congo », financé par la Ministère fédéral allemand de la coopération économique et du développement (BMZ). Le programme « Maintien de la biodiversité et gestion durable des forêts » (BGF) sert d’hôte pour ce programme PIREDD, qui est mis en œuvre en synergie avec les projets de coopération (KFW) au Maniema, notamment le programme « Conservation de la Biodiversité et gestion durable des forêts » qui soutient la gestion durable des 6 aires protégées, entre autres les parcs nationaux de la Lomami et de Kahuzi-Biega (situés en partie dans la province du Maniema).

En tant que programme multisectoriel (dit 'intégré') REDD+, le PIREDD Maniema contribue directement et indirectement aux différents jalons des objectifs 1 (agriculture), 2 (énergie), 3 (forêt), 5 (aménagement du territoire), 6 (foncier), 7 (démographie) et 8 (gouvernance) de la Lettre d'intention (LoI) entre la RDC et CAFI.

Resources

Lien vers le dossier CAFI - PIREDD Maniema

Lien vers le dossier CAFI - PIREDD Maniema, 14 Déc 2020

14 Déc 2020

 

Photocredit: Bruno Hugel